Avril 2023

Si nous employons parfois le terme de dundee à l’encontre de l’Ar Zénith, c’est qu’il s’agit bien de l’appellation spécifique de ce type de bateau, à savoir des bateaux de travail à voile dotés d’un gréement à deux mats, dont le mat arrière porte une petite voile d’artimon appelée communément tapecul qui ne sert pas tant à la propulsion du bateau qu’à son équilibre sous voiles. Mais une particularité du dundee est que le plus souvent ce tapecul est gréé, non pas avec une bôme pivotant autour de son mat, mais avec un espar fixe appelée queue de malet.

Il est curieux que cette appellation de dundee, dont la consonnance parait bien britannique, ait été utilisée pour des bateaux français dont la majorité furent des bateaux de pêche. D’ailleurs ces dundees étaient à l’époque considérés comme l’aboutissement quasiment parfait d’une longue évolution depuis les canots de pêche non pontés. Ils connurent de ce fait un très large succès au point d’être adoptés dans bien des ports, de La Rochelle à Fécamp. Suivant la pêche pratiquée, les chantiers adaptaient dessins et construction et c’est ainsi que furent construites des grandes flottilles de dundees thoniers, langoustiers et harenguiers. Et lorsqu’on eut besoin d’un nouveau bateau de liaison entre Audierne et l’Ile de Sein, le chantier Keraudren de Camaret proposa naturellement un plan de dundee aménagé pour permettre le transport des passagers comme du fret.

Pour ceux d’entre vous qui auraient vu dans ce terme de dundee non seulement une consonnance, mais une origine britannique, cela ne semble pas être le cas, même si à vrai dire nous n’avons pu en trouver la source. On notera par contre que les pêcheurs bretons, par ailleurs peu familiers de la langue de Shakespeare, parlaient de ces bateaux en prononçant non pas le nom de [deune-di], mais celui de [dindé], consonnance peu gracieuse eu égard à la grande élégance de ces bateaux.

Mais, pour ce qui est de l’Ar Zénith, on se souviendra que l’un des volontaires qu’il embarquât le 19 juin 1940 se retrouva, ainsi que deux Sénans, basés pendant la guerre à Dundee en Ecosse, port à partir duquel opéraient des sous-marins des Forces Navales Françaises Libres, si bien que pour nous, attachés à la mémoire de la France Libre, le mot « dundee » a aussi une évocation britannique et nous rappelle la Junon, la Minerve, le Curie ou le Rubis des FNFL.